Vie à Montchat & à Lyon durant l'Entre-2-Guerres

✸Pour proposer une étape sur cette Entre-2-Guerres après cette série sur les commerces,
voici les souvenirs de personnes qui ont vécu dans les années 1930/… à Montchat, à Lyon et dans la banlieue.

*CM : "Je suis née en 1930, j'ai habité chez mes grand-parents, rue Bara°. Nous allions faire les commissions dans la rue derrière qui était bien achalandée, il y avait l'Économic d'Alimentation". (voir billet sur carrefour Feuillat Y Bara dans l'Entre-2-Guerres dans ce blog). Il y avait tout ce dont on avait besoin. "Après mes parents ont habité rue de la Balme."
MR : "Je suis arrivée sur Montchat en 1938 à 12 ans, j'habitais chez ma tante, rue st-Isidore vers la rue Cardona. Puis nous avons habité cours Richard-Vitton : il y avait l'électricité, mais les wc étaient dans la cour et il fallait prendre l'eau place Antoinette !"

JP : "J'habitais à st-Fons à l'époque. Je suis arrivée à Monplaisir en 1939. Je suis venue bien après à Montchat." 
GL : "À l’époque la rue Bonand n’était pas goudronnée et quand j'étais petite, il y avait des réverbères à bec de gaz qu'un homme allumait et éteignait avec une grande 'perche'."
GL : "À l'époque, l'immeuble le plus haut de Montchat était celui du cours Henri, en face du cinéma Olympia (voir billets sur les cinéma dans ce blog), il existe toujours et c'est un beau bâtiment…"
MR : "J'y ai fait le ménage !"

l'immeuble Castéras à gauche et l'ancien cinéma à droite

*À l'époque, il n'y avait pas de voiture dans les rues, il en passait, mais pas beaucoup. Aucune des personnes intérrogées n'avait d'automobile dans sa famille.
-"Le soir on sortait des chaises sur le trottoir et on discutait entre voisins (enfin pas en hiver) !" GL
-"On allait à pied, ou en bus, ou en train". "On prenait la ligne de l'Est°° pour aller se baigner dans la Bourbre ! " MR.
-"certains allaient faire du ski au Mont-Cindre ! Mais pas chez nous." CM
-"Je me souviens du train bleu pour aller à Neuville." CM
-"Des amis de mes parents avaient une voiture : plusieurs fois, ils nous ont amené à Virieu sur la Bourbre. Je m'en souviens encore." CM
-"Nous avons fait du camping à la campagne avec mes parents, en 1934 !" JP  

de Lyon à Virieu, en passant par le Bourbre en bleu

*On faisait nos courses dans le quartier, dans des boutiques, qu'aujourd'hui on qualifierait de "petits magasins". De toute façon, il n'y avait pas de grands magasins à part en ville. "On achetait tout au poids : les légumes, les fruits, la crème, le beurre, les biscuits, la viande… Il n'y avait rien de pré-emballé et on était servi (on ne prenait pas nous-même les produits = boîtes ou légumes)." CM
"On achetait tout brut, rien n'était préparé, il fallait tout faire à la maison." MR 

*Les logements n'avaient pas de salle de bains, dans la plupart des cas…
-"Ma tante en avait une dans les années 1930, mais il n'y avait pas de douche, elle avait été installée dans une alcove : on se lavait au lavabo et au bidet" CM.
-"Nous, nous allions de temps en temps aux bains-douches de la rue Bonnand, sinon on se lavait à la bassine." MR

les anciens bains-douches de la rue Bonnand, il y en avait dans tous les quartiers

-"On se chauffait au charbon. Nous commandions le charbon antracite (qui brûle mieux et est plus cher) ou boulets (qui fait plus de poussière, mais est moins cher), il était entreposé à la cave et tous les jours nous allions le chercher avec un seau" MR. Certains avaient un charbonnier à la maison (pour une réserve quotidienne).
-"Nous avions un poêle Phare au milieu de la pièce principale" CM : allumer, entretenir le feu, évacuer les résidus du tiroir, nettoyer,  était tout un travail sale. 

-"Les femmes avaient des vêtements qui arrivaient à mi-mollets." JP 
Dans les années-1930, sont apparus les tailleurs aux vestes cintrées et aux jupes droites. C'était très élégant. --"On portait les tailleurs à partir de Pâques." "Les femmes ne sortaient pas sans chapeau. Ma mère allait chez la modiste cours de la Liberté, j'aimais l'accompagner ! " CM, MR 

-"Gamines, on prenait le tramway et on allait aux Cordeliers : 'en ville'." JP, CM.
-"J'allais au solfège tous les jeudis en Presqu'île". JP.  
Les Cordeliers, c'était le ventre, le porte-monnaie, les yeux de la ville.
-"Quand on allait au Grand-Bazar, c'était la fête." CM
-"Ça sentait le papier d'Arménie." JP "Au Grand-Bazar, il y avait de tout, partout, sur tout. Tout était exposé, on voyait tout et puis c'était bien éclairé."
-"Avant de rentrer à la maison, on passait par les Halles et on achetait des moules. À l'époque, elles étaient vendues brutes. Il fallait les brosser, les rincer, c'était tout un travail ! Un jour, il y a eu une machine à les nettoyer aux Halles : c'était plus cher, mais beaucoup mieux…" JP

les anciennes halles des Cordeliers 

-"Et les Galeries Lafayette°°°… c'était beau, il y avait plein de lumières et de belles choses exposées, et le parquet grinçait quand on passait… " CM

les Galeries Lafayette aux Cordeliers

notes
°rue Bara 

°°Le service voyageur de la ligne de l'Est a été interrompu entre 1935 et 1939, puis rouverte en 1939 jusqu'en 1947.

°°°En 1895, une société fut formée puis transformée en 1899 en 'Grands Magasins des Cordeliers'. En 1919, les magasins devinrent Galeries Lafayette. Des travaux furent entrepris en 1924 pour en savoir plus < https://izi.travel/fr/f893-anciens-grands-magasins-des-cordeliers/fr  >