23 octobre 21 : Hommage

✹La commémoration s'est terminée le samedi 23 octobre par l'hommage à Jean Long et aux résistants sur Montchat.

Vous trouverez ci-dessous les interventions réalisées devant le 18 du cours éponyme.

*Interventions des enfants (École Condorcet) : réalisations picturales, interpellations, sous la didactique de Hélène, Isabelle, Mathilde :

 

-"Résiter, pour moi, c'est...  "
-"S'engager, c'est... ", "S'engager pour...‌ "
-"Merci aux résistants pour... "

*Ouverture par l'Harmonie de Montchat/Monplaisir sous la présidence et la direction de Jean-Paul Fanget et Alain Fanget :

                     -Marseillaise, 
                 -Chant des Partisans
                 -mélodies d'époque

*Accueil par Guetty & Henry Long :

   

"Madame la Députée, Madame la Maire et l’équipe municipale, je salue également Monsieur le Maire de Lyon qui me prie de l’excuser de ne pouvoir être présent ce matin, Madame la Présidente du Conseil de quartier, Mesdames Messieurs les représentants des associations, Madame la Directrice de l’école Condorcet, les élèves et leurs professeures, Madame, Messieurs les Porte-Drapeaux, Mesdames, Messieurs, chers amis(es).

Merci d’être ici toutes et tous réunis devant la maison de notre enfance, où mon frère Henry et moi étions entourés d’amour par des parentes exemplaires, et du jour au lendemain, nous avons basculés du paradis à l’enfer.

Ce 23 octobre 2021 célèbre les 76 ans de la dénomination du cours Docteur Long, héros de la Résistance ; à Montchat, première victime du nazisme.

La nuit du 22 octobre 1943, il fut arraché brutalement de son domicile par des monstres fanatisés ignorants, pas seulement, mais surtout ignorants d’eux-mêmes.

Les huit premières années de ma vie que j’ai eu l’immense bonheur de partager avec lui, m’ont aidée à franchir, enfant, l’infranchissable.

Deux ans de guerre restaient encore à parcourir dans des pensionnats lugubres où injustice et cruauté sévissaient.

Peinture et musique pratiquées par nos parents m’ont passionnée immédiatement. C’est là que j’ai trouvé refuge." Guetty Long

"Nous avons bien noté la charge émotionnelle du discours de ma sœur concernant notre drame familial.
Alors ? Que faire ? 
Oublier ? : sûrement pas.
Pardonner ? : c'est impossible 
Comprendre ? : à la lumière du travail des historiens, des archives et des témoignages : assurément oui.

• Je n'ai aucun souvenir de mon père vivant. La mémoire se structure autour de 4 ans et j'avais 2 ans lors de son assassinat.

• J'ai donc souffert d'une non-présence plutôt que d'une absence, avec pour tout héritage :  

-Une image construite de médecin généreux dévoué, mort pour la France et 
-Une bourse d'état en tant que pupille de la nation qui m'a permis de gravir les échelons universitaires et les concours hospitaliers pour devenir le Chirurgien urologue, que je fus pendant 40ans. 

1943 a été une année TERRIBLE pour les Français et les Lyonnais en particulier 
La France était divisée en 3 parties :

• L'immense majorité des Français subissait, plus occupées à trouver de la nourriture ou du charbon plutôt qu'à défendre la patrie. Dites-vous bien que les allemands "piquaient" tout, l'armée d'occupation se servait et le reste passait outre-Rhin. Les Français avaient froid, les Français avaient faim. 

Qui peut le concevoir, actuellement, à l'époque où l'on jette 10 millions de tonnes de nourriture comestible par an ?  

• La milice française parfaitement structurée, et d'une redoutable efficacité en 1943, se partageait avec la Gestapo de Klaus Barbie torture, pillages, exécutions sommaires et déportations des juifs, des francs-maçons et des résistants, communistes ou non.

La milice a mené une guerre civile implacable à :

• La résistance qui n'acceptait pas l'occupation Allemande.

Oh ! Oui ! Il était plus facile d'entrer en "résistance" après le débarquement de Normandie en 1944 plutôt qu'en 1941 date d'engagement de mon père où tout était à faire avec le maximum de risques. 

Dans son parcours clandestin au sein du Coq Enchainé.

Je suis persuadé que mon père a eu trois lueurs d'espoir qui ont éclairé son action.

• L'unification des mouvements de résistance en janvier 1943 à Lyon par Jean Moulin qui l'a payé cher.

• Le débarquement Anglo-Américain en Afrique du Nord qui ouvrait un deuxième front
• La bataille de Stalingrad en février 1943. Imaginez 5 à 7000 jeunes de 20ans sacrifiés chaque jour, tous les jours pendant six mois 2 millions de morts…Les Allemands ont perdu la bataille, mais ils n'avaient pas perdu la guerre ; en revanche ils savaient qu'ils ne pouvaient plus la gagner.

Octobre 1943 : fin tragique du parcours du Docteur Jean LONG
Son sacrifice à 37ans, comme celui de beaucoup d'autres, n'a pas été vain : il est mort pour que la France vive libre, pour que la République perdure et pour que, comme le disait Aragon, "revienne le temps des auberges fleuries".

Je terminerais par une seule question : seriez-vous, serions-nous capables aujourd'hui en cas de danger extérieur ou intérieur de s'engager au péril de notre vie pour défendre la patrie ? Je laisse… à chacun d'entre nous… le soin de répondre.

Lu devant notre ancienne maison au 18 cours Docteur Long.
Henry Long

*Témoignages : •historique de Didier Bouillot 

«Madame la Députée, madame la Maire, mesdames et messieurs.

J’interviens au titre de « frère spirituel » de Guetty et d’Henri, et me fais le porte-parole des Résistants du Mouvement Le Coq Enchainé, par lequel le Dr Jean Long était entré en Résistance dès 1941. Ils ont défendu les idées républicaines et laïques contre le Régime de Vichy, contre l’occupant nazi et au sein même de la Résistance.

Depuis plus de trente ans, Guetty et moi dialoguons avec nos pères, un dialogue intérieur, et ils nous interpellent sans cesse avec cette question : « Que faites vous de votre Liberté ? ».

Travailler chaque jour avec cette question à l’esprit, c’est tenter d’œuvrer pour un monde meilleur et plus éclairé.

Aussi, quand nous vous voyons aujourd’hui rassemblés, les élèves des écoles, les chanteurs de la chorale, les musiciens, les élus et les associations, et vous mesdames et messieurs, pour célébrer la mémoire du Dr Long et à travers lui de tous ceux qui se sont battus pour notre liberté, nous nous disons que l’espoir est toujours vivant. »

                          •musical de la Chorale du Club de l'Amitié  

                                   -le Chant des Partisans
                                   -la Marche du Maquis
                                   -Douce France
                                   -Y'a d'la Joie

                       •politique de Anne Brugnera, députée de la circonscription                                               

"Madame la Maire du 3^e arrondissement,
Mesdames et Messieurs les élus, 
Madame la Présidente du Conseil de quartier, Mme Yannick Bourbon, 
Mesdames et Messieurs les membres du conseil de quartier et organisateurs,
Chère Guetty,
Mesdames et Messieurs, chers amis,

Depuis plus d’un mois, le quartier de Montchat rend hommage au Docteur Jean Long, au travers de différentes animations. 
Homme de vocation, le docteur Long fut, dans l’exercice de son métier, au service de tous ; ce qui lui valut, à Montchat, le beau surnom de « médecin des pauvres ».
Homme de conviction, il rejoignit la Résistance dès 1941 et œuvra au sein de différents réseaux, comme le « Coq Enchaîné » ou l’Armée secrète.
Pour cet engagement, il donna sa vie.

Le 22 octobre 1943, il est enlevé à son domicile, devant lequel nous nous trouvons, puis transféré à Montluc où il est torturé.
Le lendemain, il y a 78 ans aujourd’hui,à l’aube, il est lâchement assassiné, à Feyzin, par des Français qui trahissaient leur pays.
Le nom du Docteur Long, tous les Montchatois le connaissent, grâce au cours éponyme, un des axes principaux du quartier.
Nombreuses sont d’ailleurs les rues lyonnaises dont le nom préserve de l’oubli la mémoire d’un de ces combattants de l’ombre. Malheureusement, nous connaissons moins les hommes et les femmes, qui sont ainsi célébrés dans l’espace public, leurs parcours de vie, leurs sacrifices, leur héroïsme, et tout ce que nous leur devons. 

Le cycle de commémorations qui s’achève aujourd’hui, a cette vertu, celle de redonner vie, de redonner un visage, une histoire à ce nom, et à cet homme qui fut un héros.  

La mort d’Hubert Germain, le dernier compagnon de la Libération, il y a une dizaine de jours nous le rappelle : la mémoire de cette période est fragile. Le nombre de témoins directs de la seconde guerre mondiale s’estompe. La mémoire de cette époque, celle de l’holocauste, de la France libre, du combat des Résistants, du courage des Justes, des bombardements, des crimes de l’occupant et de ses auxiliaires comme celle des restrictions imposées à la population civile, cette mémoire doit subsister. Notre devoir est de l’entretenir.

C’est grâce à des événements comme ce cycle de commémorations au cœur du quartier de Montchat que cette mémoire demeure vivante. 
Aussi, je tiens à remercier le conseil de quartier de Montchat, les enfants du Docteur Long, Henry et Guetty, l’école Condorcet et tous ceux qui ont participé à l’organisation de ces commémorations.

Grâce à vous la flamme du souvenir brille bel et fort. Merci"

                       •de Véronique Dubois-Bertrand, maire de Lyon-3° : 

 "Mesdames et Messieurs,
C’est avec un très grand plaisir que je suis parmi vous aujourd’hui pour rendre hommage au célèbre docteur et résistant Jean Long.
Merci à la famille Long et au Conseil de quartier de Montchat de m’avoir invitée ce jour. Merci et bravo aux musiciens de l’harmonie de Montchat et à la chorale de nous avoir accueillis en musique.
L’année 2020 marquait les 75 ans de l’appellation du Cours du Docteur Long. La Covid étant passée par là, ce n’est qu’en 2021 que nous pouvons commémorer.
Quand on évoque la période de la 2e Guerre-Mondiale, nous vient à l’esprit les atrocités d’une sombre période. Et quand bien même cela est difficile à concevoir aujourd’hui, il me semble que ne pas oublier, ne jamais oublier, est profondément salutaire. Indispensable même.
C’est l’objectif de notre rencontre ici même. À travers l’hommage que nous rendons au grand résistant que fut le docteur Long aujourd’hui, et tout au long de ces quelques semaines au cœur de Montchat, le devoir de mémoire s’impose comme une évidence.
Se remémorer les crimes de guerre et les horreurs perpétrés par les régimes nazis et fascistes bien sûr, ne pas oublier non plus ceux qui en France, se sont organisés en milice et supplantaient la Gestapo pour perpétrer leurs sombres manœuvres.
Mais c’est aussi et surtout l’occasion de se souvenir de celles et ceux qui les ont combattus. Bien que l’histoire moderne de la France, et particulièrement la seconde guerre mondiale, soient inscrites aux programmes scolaires, il est primordial pour toutes et tous, de nous souvenir et d’honorer ce que furent les actions de la Résistance, les combattants, les acteurs de la libération, les artisans d’une victoire arrachée au prix de nombreux sacrifices.

L’inconscient collectif imagine la résistance toujours valeureuse, faisant sauter ponts et chemins de fer, cryptant lettres et messages radio, ou bien sauvant au péril de leur vie les femmes et les hommes promis à la déportation. Bien évidemment ces résistants ont existé et sans eux, le salut n’aurait sans doute pas été possible.
Mais il existe tellement d’autres résistants, plus discrets mais tout aussi courageux et profondément humains.
Je crois que le Docteur Long, vous ne me contredirez pas Guetty et Henri, était de ceux-là. Il était un héros valeureux mais aussi un homme simple et discret, engagé au service des autres, au service des malades. Au sein de l'Armée secrète, Jean Long se chargeait de soigner les blessés, s'occupait de l'hospitalisation dissimulée de ceux qu'il ne pouvait pas prendre en charge luimême. C'était un rôle de l’ombre décisif.
Pour le compte de la Résistance, il va aussi distribuer tracts et journaux, faire du renseignement militaire, fabriquer de faux papiers pour les Juifs... Et la liste ne s’arrête pas là.

Jean Long était de ces personnes meneuses dans leur quartier, et dans leur Ville, au côté de tant de femmes et d’hommes d’honneur, qui agissaient au quotidien pour empêcher l’occupant et le régime collaborationniste de faire prospérer leurs idées nauséabondes.
Ce combat singulier contre l’immoralité, contre l’amoralité même, faisait leur force, mais les mettait face, parfois, à de trop funestes réalités.

C’est bien là la douloureuse réalité du docteur Long, qui, il y a précisément 78 ansaujourd’hui, laissait derrière lui, 2 enfants.
Je crois savoir que tous deux à travers vos professions, vos engagements, avez su faire perdurer autour de vous les valeurs que portait votre père dans sa chair profonde : la paix, les droits de l’Homme, l’universalisme, la lutte contre tous les racismes, contre la xénophobie et contre toutes les exclusions quelle que soit leur nature.
Merci à vous deux, Guetty et Henri, pour votre engagement tout au long de votre vie pour faire perdurer les messages et les sacrifices de votre père. Merci aussi à vous d’organiser cet évènement en sa mémoire, et merci au Conseil de quartier de Montchat, son bureau, ses anciens Présidents Guillaume Haar et Jean-Louis Bertoye, sa nouvelle présidente Yannick Bourbon, coordinatrice de cet hommage, de vous en saisir également.

                    •scolaire d'élèves de l'école primaire Condorcet   

 avec le poème de Paul Éluard "Liberté" exprimé par les enfants à tour de rôle…

*Finale de la Commémoration par l'Harmonie : direction Cyprien Batisse, 

  *****

18 cours Docteur Jean Long le 23 octobre 2021

Merci à tous d'avoir collaboré !

☞vous pouvez encore témoigner ci-dessous ✍︎ dans "commentaires"

Comments

[Kikichou]

Encore BRAVO et MERCI à tous les instigateurs de cette commémoration riche en souvenirs, tristes certes, mais à NE PAS OUBLIER. QUE DE TRAVAIL EN AMONT !