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Montchat du XX° au XXI°siècle
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Montchat du XX° au XXI°siècle
  • Collecte de données socio-historiques sur le quartier de Montchat, depuis le début du XX°, ou l'Entre-2-Guerres à nos jours. attention les abonnements anonymes sont supprimés. Désolés pour les pub envahissantes depuis le covid…
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5 mai 2022

Chambovet : Témoignage Montchatois -4

La Société d'Histoire de Lyon Rive Gauche a œuvré de 1921 jusqu'en 2012 : réunissant des amateurs éclairés, des observateurs, des progessionnels, mettant en valeur l'ancienne Guillotière et publiant des bulletins feuilletonnés qui sont disponibles aux archives Municipales et aux Archives Départementales, à la Bibliothèque Municipale de la Part-Dieu. Elle a cessé officiellement ses activités en janvier 2013 et a transmis ses fonds à la Société d'Histoire de Lyon. Elle a été un témoin de l'évolution de ce territoire et a mis en valeur les archives privées…

Le Parc Chambovet du temps de la ferme de la famille Bonfy

Ce chapitre relate le souvenir de Mme Piolat, en ce qui concerne plus spécifiquement le Parc Chambovet.

Ce récit pourra également intéresser les personnes attachées au Parc Chambovet, les membres et les sympathisants de l’Association Parc Chambovet.

II-1 Ferme Bonfy

À la fin du XIXème et au début du XXème siècle, il faut imaginer que la colline de Montchat est une vaste et belle campagne allant du château de Montchat jusqu’aux Essarts (actuellement Bron les Essarts). Elle est traversée par quelques chemins qui vont de ferme en ferme (par exemple l’allée des Pins, devenue l’Avenue Lacassagne). L’étendue de la campagne tout au long de cette colline était de 200 hectares (cf. G Bazin), soit cinquante fois la superficie actuelle du Parc Chambovet !

Présente depuis 1888 sur les terres des alentours du Parc Chambovet, la famille Bonfy deviendra la dernière famille à tenir une ferme sur ces domaines Montchatois. Au début du XXème siècle, les terrains cultivables cédaient rapidement leur place à la construction. L’exploitation agricole se termina vers la fin des années 40.

Voici deux photos des moissons au Parc Chambovet :

Capture d’écran 2022-07-09 à 21

De gauche à droite :
Mme Bourgeat. En chemise blanche devant la machine: André Bonfy, le frère. Debout sur la machine, derrière, trois personnes : Jean-Marie Bonfy père, une tante et un oncle. Au pied de l’oncle, robe claire : Mme Bonfy mère. A droite, des voisins. A droite de l’homme à la casquette, Jean-Marie Bonfy fils (frère de Marguerite).

 

Capture d’écran 2022-07-09 à 21

De gauche à droite :
Jean-Marie Bonfy fils, appelé « tonton grand » . Son frère André Bonfy. Fleury Bonfy, surnommé « La fleur ». A droite de l’homme à la casquette, derrière sur la machine, Jean-Marie Bonfy père. Mme Bonfy mère (enceinte de Marguerite). Dernière personne à droite : Mme Bourgeat.

 

On imagine que cette photo et celle figurant sur la couverture de la revue Rive Gauche,
ont été prises le même jour de moissons, lors de l’été 1919.

Mme Piolat se souvient que les champs situés sur l’actuel Parc Chambovet s’appelaient les champs du Père Mougel.

Pourquoi le Parc Chambovet était- il communément appelé ainsi ? Difficile à dire. Mme Piolat ne s’en souvient pas, il faudrait le rechercher.
Le terme « Parc Chambovet »n’était pas utilisé à l’époque pour désigner ces terres.

 

 II-2 Les autres Fermes

Sur le plateau du Parc Chambovet, côté Sud-Est, au sommet de la pente, se trouvait une autre ferme, reliée par le chemin de l’actuel Boulevard Pinel, puis de celui de l’impasse Pommier. Cette ferme était exploitée par Georges Balfin.

On devine les toits de cette ferme sur les photo des moissons de 1919, derrière les personnes qui posent avec la machine et les chevaux.

Voici des extraits de ces photos où l’on devine cette ferme.

 

Capture d’écran 2022-07-09 à 22

De cette ferme, il ne reste plus qu’un vestige : le puits. Ce puits existe toujours, à l’intérieur du parc, à vingt mètres de l’entrée du côté de l’impasse Pommier. Il a été bouché par une chape de béton. La ferme avait entre autres deux grands hangars qui servaient d’entrepôt aux machines agricoles, ou qui faisaient office de grange à moutons. Simone Gaubert se rappelle que la ferme de Georges Balfin était appelée la maison des moutons.

Depuis la ferme des Bonfy (rue St Denis de Bron) on allait à "Mouge" (Parc Chambovet) en passant devant la maison du père Doublier (actuellement maison d’Henri Gaubert et de Simone Gaubert-Doublier), derrière laquelle se trouvaient des figuiers qui régalaient les enfants à la fin de l’été.

Puis on prenait un chemin commençant au bas du parc, côté rue des Peupliers, au niveau de l’entrée actuelle du parc. Ce chemin montait tout droit dans la pente, jusqu’à la ferme de Georges Balfin, et il continuait jusqu’au chemin de l’actuel Boulevard Pinel.

Cette voie s’appelait communément "la montée à Mougel". Mme Piolat se souvient que ce chemin était tout du long bordé de jolis mûriers. Ces mûriers servaient certainement à la culture des vers à soie (mais Mme Piolat n’a pas pu nous confirmer cela ; si c’était le cas, cela devait être avant son époque, c'est-à-dire avant la grande guerre). Par contre Mme Piolat se souvient bien que petite (dans les années 1925-1930), elle cueillait des feuilles de mûrier pour les amener à l’école, car il y avait un élevage de vers à soie pour les enfants à l’école. Mme Piolat se souvient également que les enfants de son âge se régalaient des fruits des mûriers (de petits fruits allongés formés de grappes de grains blancs sucrés).

Au début des années 2000, il ne restait que deux mûriers témoins de cette période. En 2009, l’un d’eux fut abattu, et remplacé par un arbre commun (frêne). Aujourd’hui, il ne reste plus qu’un seul mûrier, arbre magnifique que l’on peut voir sur la pente du Parc Chambovet, le long de la haie bordant les jardins dits « portugais ». Cet arbre est donc le dernier témoin du bel alignement de mûriers qui bordaient ce long chemin, et dont la beauté reste encore gravée dans l’esprit des gens qui ont connu cette époque. 

Capture d’écran 2022-07-09 à 22 

Voici maintenant l’intégralité de la petite photo de Marguerite tenant sa filleule, aux côtés de Tintin Berger. De cette photo sont tirés certains agrandissements précédents. Il y est écrit au dos, dans une belle écriture : "Pour Guiguite". C’était le petit nom de Marguerite Bonfy.

Cette photo de 1936 a également son attrait du fait qu’elle montre la dernière vache ayant brouté au Parc Chambovet.

La dernière vache de la ferme de la famille Bonfy a été vendue en 1936. La plupart des moutons avaient été vendus bien avant. La vache figurant sur la photo ci-dessous est, d’après Mme Piolat, la dernière de l’exploitation, et donc la toute dernière vache des pâturages du Parc Chambovet.

Capture d’écran 2022-07-09 à 22

Sur les pentes du Parc Chambovet, la dernière vache ayant foulé l’herbe du parc.
Assis dans l’herbe : Marguerite Piolat-Bonfy, tenant dans ses bras sa filleule Marcelle Hottin,

et à gauche leur cousin Tintin Berger. Petite photo (11x6 cm), prise en 1936.

 

Au début du chemin de la montée à Mougel (peu après l’entrée actuelle du parc, côté rue des Peupliers), se trouvaient quelques maisons, construites apparemment soit avant, soit peu après la grande guerre. Notamment deux maisons sur le bord du chemin bordé de mûriers : celle de Mme Mandrile, et celle de M. et Mme Pépin. Le couple Pépin travaillait à l’hôpital du Vinatier. Certainement du fait qu’ils travaillaient à l’asile, les enfants du voisinage les trouvaient bizarres, un peu suspects. Les gones s’amusaient à dire qu’ils étaient un peu fous, tout comme les malades qu’ils soignaient à l’asile...

Un des oncles Bonfy avait monté une entreprise d’assainissement. Il est possible qu’il ait été propriétaire d’un lot situé sur la zone du Parc Chambovet.

Pendant la Seconde-Guerre, Mme Piolat se souvient que les soldats de la Part-Dieu venaient labourer les terres de Chambovet pour y planter des pommes de terre.

Le terrain où se trouve actuellement la Clinique Trarieux était aussi un terrain vert. Sur le bas s’y trouvait une petite ferme de quelques vaches, à la place de la pharmacie Mutualiste. Ce terrain constituait également un beau domaine occupé par la famille Reigner, une famille de fromagers exerçant sur la région lyonnaise. Leur maison subsiste, elle se trouve à l’arrière de l’aile Nord-Ouest de la clinique.

 

II-3 Vers un Espace Public de Loisirs ?

En haut du plateau, côté Nord, vers l’actuelle aire de jeux des enfants, se trouvait une très grande et très belle maison, au n° 4 rue Chambovet. L’entrée était au niveau de l’actuel grand portail aux piliers de pierre donnant sur le parc. Entre les deux guerres certainement, les propriétaires, au lieu de céder ce domaine à leurs enfants, les avaient déshérités pour le donner à la Ville (une pratique inhabituelle de dépossession, mais possible à l’époque). Ainsi, au lieu de penser à leur propre descendance, les propriétaires avaient préféré que tous les enfants du quartier et des écoles environnantes profitent de ce domaine idéalement situé.

Une fois acquise par la Ville, cette maison servit d’entrepôt d’équipements sportifs pour les écoles, et de vestiaires pour les groupes venant faire du sport. Puisque cette maison était rue Chambovet (nom de famille de la mère de Richard-Vitton), on disait communément, lorsque l’on se rendait sur ce site, que l’on allait faire du sport "à Chambovet". C’est peut-être ainsi que le parc hérita de ce nom. Une des parties de la maison comportait également des logements pour des familles d’instituteurs. Durant la Seconde-Guerre, le domaine fut réquisitionné et habité par des soldats allemands (ceci alors que la famille Tavernier logeait dans la maison voisine, au n° 2 rue Chambovet !...). Puis ce fut au tour des soldats américains, paraît-il très sympathiques, de l’habiter.

Il est possible que les nombreuses activités de la jeunesse de Montchat sur ce domaine, ainsi que la possession de ce bien par la Ville, aient favorisé une décision municipale de construire un lycée sur ce tènement. Cette décision de construction du Lycée, dans les années 1950, aurait permis de lancer un processus de rachat, par la Ville, d’autres terrains sur la zone de l’actuel Parc Chambovet, car il fallait certainement étendre le tènement dédié à la construction du lycée [projeté]. Malgré cela, cette décision de construction ne fut pas concrétisée.

Dans les années 1960, la Ville céda le terrain de Chambovet aux Hospices Civils de Lyon, afin qu’il y soit construit "un hôpital d’urgence". Ce nouveau projet nécessitait certainement une grande surface. Ceci engendra une préemption beaucoup plus importante que celle opérée précédemment par la Ville pour le possible projet de construction du lycée. Après une période certainement longue de tractations du côté des HCL, le projet d’hôpital fut abandonné. Néanmoins, les terres préemptées par les HCL furent en partie conservées. Il en résulta l’élargissement de l’espace constituant la zone verte du Parc Chambovet, jardins compris. Finalement, l’hôpital ne s’est pas construit, mais au moins, la zone du parc ne fut plus possédée par des privés, et donc elle n’a pas pu être morcelée et vendue pour des constructions, contrairement à l’immense majorité des terres de Montchat.

On peut donc se souvenir que le geste de ces parents, qui déshéritèrent leurs enfants pour que la jeunesse de Montchat profite de leur maison et du domaine de la butte de Chambovet, fut peut-être déclencheur de la genèse du parc, et à l’origine des diverses procédures d’accumulation, par la Ville et par les HCL, de terres vierges autour de la butte de Chambovet. On peut imaginer que sans le geste inhabituel et marquant de ces parents, nous n’aurions peut-être pas hérité de ce magnifique Parc Chambovet, et de ses jardins.

Christian D. 2013

suite dans les prochaines semaines

 

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