1909 : Autour du Projet Initial du Nouvel Hôpital Lyonnais à Grange-Blanche

✸Plusieurs billets sont consacrés au fil des ans à Grang-Blanche (domaine ou hôpital). Nous poursuivons les publications au fur et à mesure de nos trouvailles ou rencontres. 
Aujourd'hui voici un extrait du dossier Tony-Garnier des Archives Municipales de Lyon < https://www.archives-lyon.fr/sites/aml/files/2021-03/IR_tony_garnier.pdf > pp30 

4.7 HôpitaL de Grange-Blanche (1909-1933)

Nous vous invitons à consulter le site afin de lire le Plan Comparatif des Hôpitaux Visités par la Commission Mixte de Reconstruction de l’Hôtel-Dieu et du futur hôpital, dressé par Tony Garnier, 25 juillet 1910 (948WP/31) ainsi que les notes que nous ne reproduisons pas. Par ailleurs nous cherchons des informations concernant le projet politique d'établissement de "cette cité hospitallère" : si quelqu'un a la patience de fouiller et lire les compte-rendus du Conseil Municipal de l'époque…

*La construction de l’hôpital de Grange-Blanche, dénommé Hôpital Édouard Herriot* par une délibération du 25 mai 1935, se situe dans la continuité des projets de désaffectation de l’Hôtel-Dieu, qui impliquaient la construction d’un nouvel hôpital principal selon l’état de l’art. Or Édouard Herriot poursuit le projet d’extension de la ville au-delà des quartiers historiques.
Le 4 novembre 1908, le conseil d’administration des Hospices prend une délibération ouvrant les discussions en vue de la construction d’un nouvel hôpital
sur la rive gauche du Rhône.
*L’hygiène et de la modernité de la construction sont au cœur des enjeux pour le maire, qui souhaite que son hôpital présente les dernières avancées en matière de soins, notamment pour les tuberculeux. Le projet d’hôpital modèle est lancé, afin de « perpétuer le renom scientifique et hospitalier de la ville de Lyon. »

*Éd.Herriot crée une commission mixte en juillet 1909 qui associe l’administration, les techniciens de la construction et les médecins. Elle est composée, pour sa partie administrative, de six membres du conseil municipal, de six membres du conseil d’administration des HCL et de deux Conseillers Généraux du Rhône. Le maire s’appuie sur un groupe de scientifiques, médecins et techniciens, notamment Jules Courmont, médecin hygiéniste et biologiste, Auguste Polosson, médecin et professeur de clinique gynécologique et Louis Hougounencq, doyen de la faculté de médecine.
La première réunion de la commission se déroule le 31 juillet 1909, Meysson étant le seul architecte présent. L’architecte directeur, désigné en dehors d’un concours, doit aligner ses plans avec les idées de l’édile et de la commission. Tony Garnier est élu architecte directeur par la commission, le 25 octobre, avec dix voix sur quinze. Ce poste lui donne une place centrale en tant que maître d’oeuvre de la construction, accompagné d’architectes et d’ingénieurs qui le secondent.

*Herriot décide de collecter des informations sur les nouveaux hôpitaux européens.
Le Conseil Municipal accorde un crédit de quatre mille francs pour un voyage d’études dans des hôpitaux allemands, danois et parisiens.
Le plan présenté est la synthèse établie par Tony Garnier à l’issue de ces visites. Il a pour résultat un premier plan d’ensemble de Grange-Blanche.
De ce voyage, Herriot retient : «La population instruite et disciplinée, se prêtait volontiers à l’application des règlements relatifs à l’hygiène et à la santé publiques. Le féminisme avait fait de grands progrès.»
Jules Courmont, le 17 novembre 1909 évalue le nombre de lits maximal de la structure à 1170, afin de garantir les bonnes conditions de soin des patients.
Le projet de nouvel hôpital recèle des enjeux humains et scientifiques. Le rapport publié, accompagné de plusieurs plans de Tony Garnier, met en avant les mérites de ces hôpitaux, construits à la fin du XIXe siècle ou encore en cours de construction : séparation des malades en services et pavillons, lumière, aération, tunnels pour la circulation entre les bâtiments.

*Ce sont des caractéristiques reprises par Tony Garnier. Le plan comparatif met en évidence les avantages du système pavillonnaire ou en peigne, comme à Copenhague, en vue d’une meilleure gestion de l’air et de la lumière solaire. L’architecte appuie son argumentation d’un plan de l’Hôtel-Dieu et d’un plan du quartier de l’hôtel de ville, qui montre les pleins et les vides. La modernité selon Garnier tend vers une recherche des espaces, par opposition aux des îlots d’immeubles découpés par des rues et places étroites. 
Tony Garnier présente au moins deux avant-projets devant la commission. On perçoit l’évolution des plans au fil des discussions, sous l’influence entre autres de Jules Courmont. L’architecte ouvre les pavillons vers le sud : il offre plus de lumière du soleil aux chambres de repos pour les malades. Il crée des cliniques où hommes et femmes sont séparés, mais aussi septiques et aseptiques.
Les espaces d’enseignement prennent également une part importante dans la partie nord des pavillons, près des salles d’opérations, qui n’ont pas un besoin spécifique de la lumière."

*"Un terrain de quinze hectares est rapidement retenu par la commission et acquis par la ville le 5 juillet 1910. L’architecte fait valider un projet définitif en 1911. Il réalise une maquette du site mesurant six mètres par trois mètres. Le Conseil Municipal du 26 février 1912 valide le devis évaluant le coût des travaux à 13 368 300 francs [francs-or à l'époque NÉd]."

"Le chantier commence en 1913. La guerre le ralentit à cause du manque de main-d’œuvre et de matériaux, notamment de chaux, essentielle à la fabrication du béton.
À partir d’octobre 1915, la ville de Lyon emploie cinq cents prisonniers allemands mis à sa disposition.
Le budget initial est dépassé. L’inflation fait augmenter les prix, notamment celui des matériaux et des équipements.
Tony Garnier est invité à rendre des comptes de façon régulière sur sa gestion financière.
Le 3 septembre 1923 le Conseil Municipal approuve un devis modificatif estimé à 61 200 036 francs. Après cette réévaluation, de nombreuses modifications sont apportées pour donner une place plus importante à la faculté de médecine. Garnier présente un nouveau devis évalué à plus de 89 millions de francs, et les devis supplémentaires s’accumulent du fait de la volonté de suivre les avancées scientifiques."

"Tony Garnier crée de nouveaux programmes pour certains services. Le dernier état des dépenses donne un montant de 206 293 881 francs au 11 juin 1935. L’hôpital est cependant inauguré avant la fin officielle des travaux, le 14 juillet 1933. Les plans et les constructions sont le symbole de la rapide évolution des édifices hospitaliers dans la première moitié du XXe siècle : moderne à l’origine, le projet se révèle en décalage avec son temps à son ouverture."

la suite prochainement…