Conditions de Vie : Mémoire de la II°Guerre-Mondiale

✸Nous aurions dû entamer la commémoration du cours Dc-long lors des Journées du Patrimoine avec diverses restitutions publiques que la désorganisation due à la crise sanitaire a grandement perturbé. Nous allons donc partager avec vous une partie de la collecte concernant les faits et souvenirs de la II°Guerre-Mondiale à Montchat au fil du temps...

cette semaine : Conditions de Vie

*«L’hiver il faisait très froid, nous habitions un abris en surplomb sans isolation. Le matin l’eau dans le broc était gelée.» « les hivers 1940/41/42 ont été très rigoureux. On couchait tout habillées.» Marianne R. (née en 1932) 

*«Les hivers étaient rudes, la neige tombée se maintenait en épaisseur dans les rues pendant plusieurs semaines.(…) Aussi le soir à l’éclairage, les jeunes se réunissaient dans les rues en pente pour pratiquer la luge et même le ski pour ceux qui avaient la chance d’en possèder. Pendant quelques heures; le Clos Chaussagne prenait une allure de station de sports d’hiver.» pp31 extrait de Chaussagne, Histoire & Souvenirs de Henri Auvergne 2001

cours Eugénie sous la neige ©collection privée

*«Cette situation (…) se transforma radicalement en novembre 1942, date à laquelle les armées allemandes occupent la zone dite “libre” dont nous faisions partie ! » pp31 «Rapidement, l’approvisionnement général devenait très insuffisant. Les restrictions touchent tous les domaines de la consommation : alimentation, habillement, chaussures, électricité, charbon, essence, tabac, matériels divers…»

*Cette situation générale “génère le marché noir”, le troc et l’utilisation des tickets de rationnement. Au Clos Chaussagne, «on improvise "le jardinage intensif ; les légumes supplantent les fleurs dans les massifs. Les élevages d’animaux domestiques se développent. Je me souviens d’avoir eu en charge simultanément une cinquantaine de lapins ! Il fallait tout de même les nourrir et pour ce faire j’allais chaque jour à bicyclette vers les terrains en friche de la banlieue Est, où je remplissais difficilement un sac d’herbe qui avait le plus souvent été déjà tondue la veille par d’autres éleveurs ! » extrait de Chaussagne, Histoire & Souvenirs de Henri Auvergne 2001

extrait d'une vue aérienne ign de 1947, sur le Nord-Est du quartier

extrait d'une vue aérienne ign de 1947, sur l'Est du quartier (le long de l'avenue Lacassagne)

*«On cultivait les jardins en potager. » extrait de conversation

*Même le plateau de Chambovet était cultivé. 

extrait d'une vue aérienne ign de 1947, sur l'espace que l'on nomme "Chambovet" de nos jours

*«Paradoxalement, l’incertitude du lendemain incite chacun à faire des conserves en tout genre en usant de beaucoup d’ingéniosité. Malheureusement, les mauvaises conditions de stérilisation et le manque de moyens convenables, ont fait que beaucoup de ces précieuses conserves ont été inutilisables et vouées aux “équivilles”. » pp33 extrait de Chaussagne, Histoire & Souvenirs de Henri Auvergne 2001

tickets de rationnement de 1944 (archives privées - Montchat)

*«1943 a été terrible. Tout était rationné, il y avait les tickets de rationnement pour acheter de tout.» extrait de conversation
*« Les tickets de rationnement nous allions les chercher dans la salle des fêtes, avenue du Château; il n’en reste que la marche de l'entrée d'autrefois. Ils ont duré jusqu’en 1949 pour certaines denrées. J’avais 10 ans et maman m’y envoyait. » Évelyne V..

*«Quand nous avions des rutabagas nous étions contents, c’était bon… Mais les topinambours, ça dérangeait les intestins… » extrait de conversation

Les topinambours sont vendus tous les ans dans certains magasins du quartier à des prix défiants le marché noir de la II°GM !

*«On échangeait aussi ce qu’on avait : exemple, un litre de vin contre du sucre. Le sucre était très rare.» extrait de conversation
*«Quand on avait de la viande, on pouvait faire cuire son gigot dans le four du boulanger.»   Georgette P. (née en 1933) 

*«Nous étions très pauvres, nous n’avions parfois rien à manger. Parfois nous mangions les germes de pomme de terre, car nous n’avions rien trouvé d’autre.» Marianne R. (née en 1932)

pour en savoir plus : mémoire de guerre / vie quotidienne / nourriture… et du CNDP : l'Obsession du Rationnement…

*«Il n’y avait pas d’entr’aide, c’était chacun pour soi. » extrait de conversation
*«Des voisins en dénonçaient d’autres. On avait peur. » « Y’en a qui ont su faire ! » extrait de conversation

 suite de la collection de souvenirs et témoignages de la II°Guerre-Mondiale, prochainement