Domaine de Montchat : Propriétaires-2
✵Deux domaines occupaient la grande partie du territoire du quartier actuel : celui de Grange-Blanche et celui de Montchat.
Dans la revue de la Société d'Études historiques de la Rive-Gauche du Rhône, Georges Bazin avait retracé la suite de propriétaires au fil des siècles, en fonction des traces écrites trouvées à cette époque. Nous en avons tiré un schéma, présenté lors des animations du quartier, et nous l'avons actualisé jusqu'à notre époque…
Château de Montchat (2°partie)
Georges BAZIN
*Au moment des premiers troubles révolutionnaires, Mathieu BONAND, [époux de Louise BESSON] vint habiter rue ste-Monique (rue Grobon), à l’angle de la rue des Augustins, un appartement qu’il louait 300£ par an. Dans cette même maison, habitait une jeune orpheline, Claudia Merle, dont les parents étaient originaires de Chassagny, près de Givors. Touché par les charmes de la jeune fille, Luc Bonand demanda et obtint sa main… il avait alors 59 ans.
*Le mariage eut lieu le 24 juin 1793, le contrat avait été reçu par maître Detours. Ce fut en pleine Terreur, le 6 nivôse An-II/[26/12/1793] que vint au monde leur fille Antoinette [6 mois après le mariage], qui fut baptisée en cachette. Son acte de naissance fut rédigé en présence du citoyen J.B.Durand, tambour-major du 5°bataillon de l’Armée Révolutionnaire, caserne du Bon-Pasteur, et de la citoyenne Antoinette Brouillat, femme Chambeau, cordonnier, rue du Plâtre, qui servirent de témoins.
[…] les biens de Luc Bonand furent mis sous séquestre et Montchat confié à un gardien.
Le 9 thermidor arriva et fit place à Lyon à une réaction violente contre tous ceux qui avaient participé aux crimes de la Terreur. On raconte qu’une bande de jeunes gens vinrent de Lyon à Montchat pour se saisir du gardien. Ce dernier pourchassé jusque sur les toits du château, fut abattu d’un coup de fusil.
gravure du château de Montchat et ses alentours au début du XIX°siècle
Luc Bonand rentra en possession de ses biens dont il jouit jusqu’à sa mort, survenue le ✝︎ 8 ventôse An-X [✝︎27/02/1802].
Depuis 1796, il était venu se fixer place des Carmes.
Dans la même maison, habitait Jean-Henri VITTON, qui pendant le siège de Lyon, avait été commandant en second du Bataillon de la rue Terraille, revenu depuis peu de l’émigration. Son fils aîné, Henri, alors âgé de 18 ans, épousait quelques années plus tard, le 8 janvier 1811, Antoinette BONAND, qui n’avait que 17 ans.
*Henri VITTON, né en 1793, était le fils de Camille-Jean-Henri VITTON (1762/✝︎1862) et de Pierrette Cotte (1764/✝︎1842) […] Par son mariage Antoinette Bonand (6 nivôse an-II [26 décembre 1793]/✝︎17 décembre 1828) porta [le domaine de] Montchat à Henri Vitton. Ce dernier ne tarda pas à prendre une place prépondérante parmi ses concitoyens ; il fut, par ordonnance royale du 4 juillet 1822, nommé maire de la Guillotière, et nommé de nouveau en 1826.
C’est à lui que l’on doit la création du quartier des Brotteaux, du cours Bourbon (actuel cours de la Liberté), et du cours [Morand qui porte aujourd’hui le nom de cours] Vitton, en hommage de reconnaissance.
Révoqué de ses fonctions en 1830 [à la chute du roi Charles-X], il retourna à sa vie privée…
Provoqué en duel par Hippolyte Clerc, conseiller municipal, il fut mortellement blessé le ✝︎6 janvier 1834, sous une des arches du pont de la Guillotière [comblée par le rattachement de l’Île de Bèchevelin à la berge en 1857].
*Il laissait une fille, Louise-Françoise née le 14 janvier 1812 à la Guillotière, mariée le 14 mai 1831 avec Jean-Louis-François RICHARD (né le 30 brumaire an-XIII [21 novembre 1804]/✝︎22 février 1874), négociant né à st-Chamond, maire du 3°arrondissement de 1857 à 1869, chevalier de la légion d’honneur.
Par leur union, ils fondèrent la famille RICHARD-VITTON.
Le père de Louis-François, Charles-François Richard (1772/✝︎1851), fait le siège de Toulon en 1793 ; sa mère est Marie-Antoinette Chambovet ; le père de celle-ci Jean-Louis Richard (1741/✝︎1812) est sénateur d’Empire en 1802.
extrait du cadastre 1913/19 reconstituant la succession des Richard-Vitton, (©Association Jardins de Montchat)
Le 27 octobre 1858, Louis-François Richard-Vitton écrivait à l’administration de la ville de Lyon que « procédant à un morcellement d’une partie de ses biens, il offrait la cession gratuite du sol des rues et des places, en vue de la création d’un nouveau quartier. » [à charge de la ville de les viabiliser + et en dénommant lui-même les dites rues…]
[Le lotissement de] Montchat venait de naître sur les anciennes terres du château, il devait par la suite prendre l’extension que l’on connaît et attire des habitants avides de tranquillité et de bon air.
De leur union, ils eurent cinq enfants :
-Charles (1832/✝︎1887) marié à Julie Laforest ;
-Henri-Constant (1834/✝︎1899) marié à Amélie Kœnig ;
-Julien-Émile (1838/✝︎1919) marié à Louise Vacheron ;
-Louis-Marie (1842/✝︎1907) marié à Marie Trouchet ;
-Marie-Charles-Camille (1845/✝︎1899) marié à Antoinette Gontard.
Louise-Françoise Richard-Vitton mourut le ✝︎4 janvier 1890, à Montchat. [survivant 39 ans après son mari – où est-elle enterrée ?].
*Le château passa [en 1883?], ensuite à Louis-Marie RICHARD-VITTON (1842/✝︎1907) qui avait épousé Marie Trouchet (1849/✝︎1915) le 26 décembre 1867. [Elle est la fille d’Aimé Trouchet officier de cavalerie, ancien lieutenant-garde des rois Louis-XVIII et Charles-X. Ils ont 7 enfants]
*Enfin leur fils Louis-Jean-Marie RICHARD-VITTON (1868/✝︎1932) [en fut l’héritier]. Il se maria le 29 octobre 1898 à Marthe Girodon (1875/1✝︎939) et eurent neuf enfants dont Marc et Octave Richard-Vitton, membres de la société Rive-Gauche.
SRGRh n°17 juin 1966
la suite dans le prochain billet
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